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Il ne faut chercher la réponſe à cette queſtion que dans le cœur du ſouverain. S’il eſt de bronze, le problême ne ſe réſoudra point, & le tems amènera, à la ſuite d’une longue oppreſſion, la ruine de l’empire. S’il a quelque ſenſibilité, le problême ſe refondra d’une manière utile aux ſujets.

Cependant que le chef de la nation ne ſe flatte pas d’opérer de grands biens, des biens durables, ſans un choix judicieux de l’homme chargé d’alimenter la force publique. C’eſt à ce grand inſtrument du gouvernement de diſtribuer & de rendre ſupportable à chacun le poids énorme des tributs par ſon équité & par ſon intelligence, à le répartir ſelon les degrés relatifs de force ou de foibleſſe des contribuables. Sans ces deux qualités, les peuples accablés ſeront conduits à un déſeſpoir plus ou moins éloigné, plus ou moins redoutable. Avec ces deux qualités ſoutenues par l’attente d’un ſoulagement plus ou moins prochain, ils ſouffriront avec patience, & ſe traîneront ſous leur fardeau avec quelque courage.

Mais quel eſt le miniſtre qui remplira une tâche auſſi difficile ? Sera-ce celui qui, par

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