Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/39

Cette page n’a pas encore été corrigée

les regards attachés sur son ancien temple.

La Grèce vit ses états fondés par des brigands, qui détruisirent quelques monstres & beaucoup d’hommes, afin d’être rois, C’est-là que pendant une assez courte durée, du moins à dater des tems héroïques, & dans une enceinte assez étroite, on a le spectacle présent de toutes les espèces de gouvernemens, de l’aristocratie, de la démocratie, de la monarchie, du despotisme, & d’une anarchie que l’approche de l’ennemi commun suspend, sans l’éteindre. C’est-là que la menace imminente de la servitude fait éclore & perpétue le patriotisme, qui amène à sa suite la naissance de tous les grands talens ; des modèles sublimes de tous les vices & de toutes les vertus ; une multitude d’écoles de la sagesse au milieu de la débauche ; & des exemples dans tous les beaux arts, que l’art imitera dans tous les siècles & n’égalera jamais. Le Grec fut un peuple frivole, plaisant, menteur & ingrat. Le Grec fut le seul peuple original qu’on ait vu & qu’on verra peut-être sur la terre.

Rome fut, dit-on, cimentée des débris échappés aux flammes de Troie, ou ne fut