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s’éventent jamais qu’à mon détriment ».

Je ſuis vraiment frappé de la ſagacité, viſir, ou de celle de tes ſublimes précurſeurs. Ils ont creusé des mines d’or par-tout. Ils ont fait de ton pays un Pérou, dont les habitans ont eu peut-être le ſort de ceux de l’autre continent ; mais que t’importe ? Le ſel & le tabac que tu débites au décuple de leur valeur intrinſèque, quoique après le pain & l’eau, le ſel ſoit de première néceſſité, tu ne m’en as rien dit. Que ſignifie cette réticence ? Aurois-tu ſenti la contradiction entre cette vente & ton refus de percevoir les autres contributions en nature, ſous prétexte de l’embarras de la revente ?

« Point du tout. La différence eſt facile à ſaiſir. Si je recevois du propriétaire ou du cultivateur ſa portion de contribution en nature, pour la revendre enſuite, je me trouverois en concurrence avec lui dans les marchés. Mes prédéceſſeurs ont été ſages en s’en réſervant la diſtribution excluſive. Cela ſouffroit des difficultés. Pour amener ces deux fleuves d’or dans le réſervoir du fiſc, il fallut défendre la cul-