Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/344

Cette page n’a pas encore été corrigée

ruinent les champs qu’ils ne cultivent pas ; parce que chacun d’eux prive l’état d’un laboureur, & le ſurcharge d’un conſommateur oiſif ou ſtérile. Il n’eſt le défenſeur de la patrie, en tems de paix, que par un ſyſtême funeſte, qui, ſous prétexte de défenſe, rend tous les peuples agreſſeurs. Si tous les états vouloient, & ils le pourroient, laiſſer à la culture les bras qu’ils lui dérobent par la milice ; la population, en peu de tems, augmenteroit conſidérablement dans toute l’Europe, de laboureurs & d’artiſans. Toutes les forces de l’induſtrie humaine s’emploieroient à ſeconder les bienfaits de la nature, à vaincre ſes difficultés : tout concourroit à la création, & non à la deſtruction.

Les déſerts de la Ruſſie ſeroient défrichés, & les champs de la Pologne ne ſeroient point ravagés. La vaſte domination des Turcs ſeroit cultivée, & la bénédiction de leur prophète ſe répandroit ſur une immenſe population. L’Égypte, la Syrie & la Paleſtine, redeviendroient ce qu’elles furent du tems des Phéniciens, des rois paſteurs, des Juifs heureux & pacifiques ſous des juges. Les montagnes arides de la Sierra-Morena, ſeroient