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un moment ſur les bords de l’Afrique, & retomba dans le néant ; après Rome, qui ſoumit & détruiſit tous les peuples connus : où vit-on une population comparable à celle qu’un voyageur trouve aujourd’hui ſur toutes les côtes de la mer, le long des grands fleuves, & ſur la route des capitales ? Que de vaſtes forêts changées en guérets ? Que de moiſſons flottantes à la place des joncs qui couvroient des marais ? Que de peuples policés, qui vivent de poiſſons séchés & de viandes boucanées ?

Cependant il s’eſt élevé depuis quelques années un cri preſque univerſel ſur la dépopulation de tous les états. Quelle peut être la cauſe de ces étranges déclamations ? Nous croyons l’entrevoir. Les hommes, en ſe repouſſant, pour ainſi dire, les uns ſur les autres, ont laiſſé derrière eux des contrées moins habitées ; & l’on a pris pour une diminution de citoyens leur différente diſtribution.

Pendant une longue ſuite de ſiècles, les empires furent partagés en autant de ſouverainetés qu’il y avoit de ſeigneurs particuliers. Alors les ſujets, ou les eſclaves