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repos, plus funeſte que les fatigues exceſſives, eſt ſuivi des pertes les plus cruelles ; où les bras que l’enfant tend à ſa mère ſe roidiſſent, & ſes larmes ſe vitrifient ſur ſes joues ; où la nature…… de telles régions ne durent être habitées que tard, & ne purent l’être que par des malheureux qui fuyoient l’eſclavage ou la tyrannie. Jamais ils ne ſe multiplièrent ſous ce ciel de fer. Sur le globe entier, les ſociétés nombreuſes ont laiſſé des monumens durables ou des ruines : mais dans le Nord, il n’eſt rien reſté, rien abſolument qui portât l’empreinte de la force ou de l’induſtrie humaines.

La conquête de la plus belle partie de l’Europe, dans l’eſpace de trois ou quatre ſiècles, par les habitans des régions hyperborées, paroit dépoſer au premier coup-d’œil contre ce qui vient d’être dit. Mais obſervez que ce fut la population d’un terrein décuple, qui s’empara d’un pays rempli, de nos jours, par trois ou quatre nations ; que ce ne fut point par le nombre de ſes vainqueurs, mais par la défection de ſes ſujets, que l’empire Romain fut détruit & ſubjugué. Dans cette étonnante révolution, croyez que les