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jeté dans ces fondrières & ces ſolitudes ſauvages, ait défriché, changé, peuplé la terre. Mais toutes les cauſes de la population étant ſubordonnées aux loix phyſiques qui gouvernent le monde, aux influences du ſol & de l’atmoſphère qui ſont ſujettes à mille fléaux ; elle a dû varier avec les périodes de la nature, contraires ou favorables à la multiplication des hommes. Cependant, comme le ſort de chaque eſpèce ſemble avoir été réſigné, pour ainſi dire, à ſes facultés ; c’eſt dans l’hiſtoire du développement de l’induſtrie humaine, qu’il faut chercher en général l’hiſtoire des populations de la terre. D’après cette baſe de calcul, on doit au moins douter que le monde fût autrefois plus habité, plus peuplé qu’aujourd’hui.

Laiſſons l’Aſie ſous le voile de cette antiquité, qui nous la montre de tout tems couverte de nations innombrables, & d’eſſaims ſi prodigieux, que, malgré la fertilité d’un ſol qui n’a beſoin que d’un regard du ſoleil pour engendrer toutes ſortes de fruits, les hommes ne faiſoient qu’y paroiſſe, & les générations s’y ſuccédoient par torrens,