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maſſe & la pluralité des individus. Car ſi la nature pouſſe l’homme vers l’homme, c’eſt ſans doute par une ſuite de cette attraction univerſelle, qui tend à la reproduction & à la conſervation. Tous les penchans que l’homme porte dans la ſociété, tous les plis qu’il y prend, devroient être ſubordonnés à cette première impulſion. Vivre & peupler étant la deſtination de toutes les eſpèces vivantes, il ſemble que la ſociabilité, ſi c’eſt une des premières facultés de l’homme, devroit concourir à cette double fin de la nature, & que l’inſtinct qui le conduit à l’état ſocial, devroit diriger néceſſairement toutes les loix morales & politiques, au réſultat d’une exiſtence plus longue & plus heureuſe pour la pluralité des hommes. Cependant, à ne conſidérer que l’effet, on diroit que toutes les ſociétés n’ont pour principe ou pour ſuprême loi, que la sûreté de la puiſſance dominante. D’où vient ce contraſte ſingulier, entre la fin & les moyens, entre les loix de la nature & celles de la politique ?

C’eſt une queſtion à laquelle il eſt difficile de répondre ſolidement, ſans ſe former des notions juſtes de la nature, de la ſucceſſion