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eſtimer & rechercher les hommes doués de ce don précieux de la nature. Mais l’homme champêtre, s’il ne jouit en paix de ce qu’il poſſède & qu’il recueille ; s’il ne peut cultiver les vertus de ſon état, parce qu’on lui en ôte les douceurs ; ſi les milices, les corvées & les impôts viennent lui arracher ſon fils, ſes bœufs & ſes grains, que lui reſtera-t-il, qu’à maudire le ciel & la terre qui l’affligent ? Il abandonnera ſon champ & ſa patrie.

Un gouvernement ſage ne ſauroit donc, ſans ſe couper les veines, refuſer ſes premières attentions à l’agriculture. Le moyen le plus prompt & le plus actif de la ſeconder, c’eſt de favoriſer la multiplication de toutes les eſpèces de productions, par la circulation la plus libre & la plus illimitée.

Une liberté indéfinie dans le commerce des denrées, rend en même tems un peuple agricole & commerçant ; elle étend les vues du cultivateur ſur le commerce, les vues du négociant ſur la culture ; elle lie l’un à l’autre par des rapports ſuivis & continus. Tous les hommes tiennent enſemble aux campagnes & aux villes. Les provinces ſe connoiſſent & ſe fréquentent. La circulation des denrées