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naiſſent dans les cités où ſont les rendez-vous de l’induſtrie. C’eſt le séjour des campagnes qui a beſoin d’encouragement pour les travaux les plus pénibles, de dédommagement pour les ennuis & les privations. Le cultivateur eſt éloigné de tout ce qui peut flatter l’ambition ou charmer la curioſité. Il vit séparé des honneurs & des agrémens de la ſociété. Il ne peut, ni donner à ſes enfans une éducation civile ſans les perdre de vue, ni les mettre dans une route de fortune qui les diſtingue & les avance. Il ne jouit point des ſacrifices qu’il fait pour eux, lorſqu’ils ſont élevés loin de ſes yeux. En un mot, il a toutes les peines de la nature : mais en a-t-il les plaiſirs, s’il n’eſt pas ſoutenu par les ſoins paternels du gouvernement ? Tout eſt onéreux & humiliant pour lui, juſqu’aux impôts, dont le nom ſeul rend quelquefois ſa condition mépriſable à toutes les autres.

Les arts libéraux attachent par le talent même, qui en fait une ſorte de paſſion ; par la conſidération qu’ils réfléchiſſent ſur ceux qui s’y diſtinguent. On ne peut admirer les ouvrages qui demandent du génie, ſans