Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/298

Cette page n’a pas encore été corrigée

campagne étoient ſi pénibles, que ſi l’on permettoit au cultivateur d’acquérir de l’aiſance, il abandonneroit ſa charrue & laiſſeroit ſes terres en friche. Son avis étoit donc de perpétuer la fatigue par la misère, & de condamner à l’indigence l’homme ſans les ſueurs duquel il ſeroit mort de faim. Il ordonnoit d’engraiſſer le bœuf, & il retranchoit la ſubſiſtance du laboureur. Il gouvernoit une province, & il ne concevoit pas que c’eſt l’impoſſibilité d’amaſſer un peu d’aiſance, & non le péril de la fatigue qui dégoûtent le travailleur de ſon état. Il ignoroit que la condition dans laquelle on ſe preſſe d’entrer eſt celle dont on eſpère de ſortir par la richeſſe, & que quelque dure que ſoit la journée de l’agriculteur, l’agriculture trouvera d’autant plus de bras que la récompenſe de ſes peines ſera plus sûre & plus abondante. Il n’avoit pas vu dans les villes une multitude de profeſſions abréger la vie des ouvriers ſans en être moins remplacés. Il ne ſavoit pas que dans de vaſtes contrées, des mineurs ſe réſignoient à périr dans les entrailles de la terre, & à y périr avant l’âge de trente ans, à la condition de re-