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du bonheur de n’être taxé qu’en proportion de ſes facultés. Des impôts arbitraires continuent à l’inquiéter & à l’écraſer. Des voiſins jaloux ou avides peuvent toujours exercer contre lui leur cupidité ou leur vengeance. On ne ceſſe d’ajouter au poids de ſa contribution des frais plus conſidérables que la contribution même pour hâter un paiement injuſte & impoſſible. Un receveur cruel, un ſeigneur orgueilleux, un privilégié arrogant, un parvenu plus deſpote que tous les autres, peuvent l’humilier, le battre, le dépouiller, le priver en un mot de tous les droits de l’homme, de la propriété, de la sûreté, de la liberté. Abruti par cette eſpèce d’abjection, ſon vêtement, ſes manières, ſon langage, deviennent un objet de dériſion pour tous les autres ordres, & l’autorité appuie ſouvent par ſa conduite cet excès d’extravagance.

Je l’ai entendu cet adminiſtrateur ſtupide & féroce, & peu s’en faut que dans l’indignation dont je ſuis pénétré, je ne le nomme, & que je ne livre ſa mémoire à l’exécration, de tous les hommes honnêtes & ſensés ; je l’ai entendu. Il diſoit que les travaux de la