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eſt un germe de travail & d’émulation pour toutes les deux. Dans la guerre, c’eſt une perte pour l’une & pour l’autre : car le pillage, & le fer, & le feu, n’engraiſſent ni les terres, ni les hommes. Les guerres de commerce ſont d’autant plus funeſtes, que par l’influence actuelle de la mer ſur la terre, & de l’Europe ſur les trois autres parties du monde, l’embraſement devient général ; & que les diſſenſions de deux peuples maritimes répandent la diſcorde chez tous leurs alliés, & l’inertie dans le parti même de la neutralité.

Toutes les côtes & toutes les mers rougies de ſang & couvertes de cadavres ; les foudres de la guerre tonnant d’un pôle à l’autre, entre l’Afrique, l’Aſie & l’Amérique, ſur l’océan qui nous sépare du Nouveau-Monde, ſur la vaſte étendue de la mer Pacifique : voilà ce qu’on a vu dans les deux dernières guerres, où toutes les puiſſances de l’Europe ont tour-à-tour éprouvé des ſecouſſes & frappé de grands coups. Cependant la terre ſe dépeuploit de ſoldats, & le commerce ne la repeuploit pas ; les campagnes étaient deſſéchées par les impôts, & les canaux de