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ſemble excuſer ſes hoſtilités. Il faut bien qu’il vive de carnage, lorſqu’il n’a point de grains. Mais quand une nation jouit d’un grand commerce, & peut faire ſubſiſter pluſieurs états du ſuperflu de ſes richeſſes, quel intérêt l’excite à déclarer la guerre à d’autres nations induſtrieuſes ; à les empêcher de naviguer & de travailler ; en un mot, à leur défendre de vivre ſous peine de mort ? Pourquoi s’arroge-t-elle une branche excluſive de commerce, un droit de pêche & de navigation à titre de propriété, comme ſi la mer devoit être divisée en arpens de même que la terre ? Sans doute on voit le motif de ces guerres ; on ſait que la jalouſie de commerce n’eſt qu’une jalouſie de puiſſance. Mais une nation a-t-elle droit d’empêcher le travail qu’elle ne peut faire elle-même, & d’en condamner une autre à l’oiſiveté, parce qu’elle s’y dévoue ?

Des guerres de commerce. Quel mot contre nature ! Le commerce alimente, & la guerre détruit. Le commerce peut bien enfanter & nourrir la guerre : mais la guerre coupe toutes les veines du commerce. Tout ce qu’une nation gagne ſur une autre dans le commerce,