Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/277

Cette page n’a pas encore été corrigée

beſoin, ou ce qui eſt plus ordinaire d’une fantaiſie urgente.

Et quel eſt, en dernière analyſe, le réſultat de ces opérations réitérées, des déſaſtres qui les ſuivent ? La ruine de l’état, le mépris de la foi publique. Après ces infidélités, dont le nom même ne peut ſe prononcer ſans rougir, la nation eſt plongée dans la déſolation. Au milieu de pluſieurs millions de malheureux, s’élève la tête altière de quelques concuſſionnaires, gorgés de richeſſes & inſultant à la misère de tous. L’empire énervé chancelle quelque tems au bord de l’abyme, dans lequel il tombe, aux éclats du mépris & de la risée de ſes voiſins ; à moins que le ciel ne lui ſuſcite un ſauveur qu’il attend & qui ne vient pas toujours, ou que la persécution générale des ſcélérats qui le redoutent a bientôt dégoûté.

Les obſtacles que les divers gouvernemens mettent au commerce que leurs ſujets font ou devroient faire entre eux, ſont bien plus multipliés encore dans celui d’un état avec les autres. On prendroit cette jalouſie, preſque moderne, des puiſſances, pour une conſpiration ſociété de ſe ruiner toutes,