Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/268

Cette page n’a pas encore été corrigée

compatible avec l’eſprit du commerce : mais malheur à celui en qui cet eſprit ſeroit excluſif du ſentiment de l’honneur.

J’ai élevé dans mon cœur un autel à quatre claſſes de citoyens : au philoſophe qui cherche la vérité, qui éclaire les nations, & qui prêche d’exemple la vertu aux hommes : au magiſtrat qui fait tenir égale la balance de la juſtice : au militaire qui défend ſa patrie ; & au commerçant honnête qui l’enrichit & qui l’honore. J’oubliois l’agriculteur qui la nourrit ; & je lui en demande pardon.

Si le négociant ne ſe voit pas lui-même dans ce rang diſtingué des citoyens, il ne s’eſtime pas aſſez. Il oublie que, dans ſa matinée, quelques traits de ſa plume mettent en mouvement les quatre coins du monde pour leur bonheur mutuel.

Loin de vous toute baſſe jalouſie de la proſpérité d’un autre. Si vous traverſez ſes opérations ſans motif, vous êtes un pervers. Si vous parvenez à découvrir les opérations & que vous vous les appropriez, vous l’aurez volé.

L’influence de l’or eſt auſſi funeſte aux particuliers, qu’aux nations. Si vous n’y

prenez