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vous-mêmes, que preſque toujours, vous êtes les ſeuls juges de votre probité.

Je ſais bien que ſi vous êtes opulens, vous ſerez toujours honorés aux yeux de la multitude : mais aux vôtres ? Si votre propre eſtime vous touche peu, entaſſez des monceaux d’or ſur des monceaux d’or ; & ſoyez heureux, ſi l’homme immoral peut l’être.

Il vous reſte, & il doit vous reſter des principes religieux. Songez donc qu’il viendra un moment où vous vous reprocherez des richeſſes mal acquiſes, qu’il faudra reſtituer ; à moins que vous ne braviez, en inſensés, un juge prêt à vous en demander un compte sévère.

Servez toutes les nations : mais quelque avantage qu’une ſpéculation vous préſente, renoncez-y, ſi vous nuiſez à la vôtre.

Que votre parole ſoit ſacrée. Ruinez-vous, s’il le faut, plutôt que d’y manquer ; & montrez que l’honneur vous eſt plus précieux que l’or.

N’embraſſez pas trop d’objets à la fois. Quelque forte, que ſoit votre tête, quelque étendue de génie que vous ayez, ſongez que la journée commune de l’homme laborieux