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que d’un conſentement univerſel dans tous les états ; que la maſſe d’une nation ſoit corrompue, & d’une corruption qui n’a ni frein, ni limite ; & qu’il y ait bien loin d’un larcin autorisé & journellement répété à quelque injuſtice que ce puiſſe être ?

Cependant, il faut bien qu’on croie le mal ſans remède, au-moins pour les induſtries de détail, puiſque toute la morale applicable à ceux qui les exercent, ſe réduit à ces maximes. « Tâchez de n’être point décrié dans votre profeſſion. Si vous vendez plus cher que les autres, ayez au-moins la réputation de vendre de meilleures marchandiſes. Gagnez le plus que vous pourrez. Sur-tout n’ayez pas deux prix. Faites votre fortune, & faites-la le plus promptement. Si vous n’êtes ni mal famé, ni déſhonoré : tout eſt bien ». On pourroit ſubſtituer à ces principes, des principes plus honnêtes ; mais ce ſeroit inutilement. Les petits profits journaliers ; ces économies meſquines, qui font la reſſource eſſentielle de quelques profeſſions, abaiſſent l’âme, l’aviliſſent, y éteignent tout ſentiment de dignité ; & il n’y a rien de vrai-