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oiſives ou commerçantes, policées ou féroces ; briſant ou mépriſant les vaſes de Corinthe, plus heureux ſous des dieux d’argile qu’avec les ſtatues d’or de leurs empereurs de boue. Mais il eſt encore plus doux & plus beau, peut-être, de voir toute l’Europe peuplée de nations laborieuſes, qui roulent ſans ceſſe autour du globe, pour le défricher & l’approprier à l’homme ; agiter par le ſouffle vivifiant de l’induſtrie, tous les germes reproductifs de la nature ; demander aux abymes de l’océan, aux entrailles des rochers, ou de nouveaux ſoutiens, ou de nouvelles jouiſſances ; remuer & ſoulever la terre avec tous les leviers du génie ; établir entre les deux hémiſphères, par les progrès heureux de l’art de naviguer, comme des ponts volans de communication, qui rejoignent un continent à l’autre ; ſuivre toutes les routes du ſoleil, franchir les barrières annuelles, & paſſer des tropiques aux pôles ſous les ailes des vents ; ouvrir, en un mot, toutes les ſources de la population & de la volupté, pour les verſer par mille canaux ſur la face du monde. C’eſt alors, peut-être, que la divinité contemple