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qui renferme celui d’aſſervir, mais du-moins avec des moyens qui font le bonheur du monde, avant de le ſoumettre. Par la guerre le vainqueur n’eſt guère plus heureux que le vaincu, puiſqu’il ne s’agit entre eux que de ſang & de plaies ; mais par le commerce, le peuple conquérant introduit néceſſairement l’induſtrie dans un pays qu’il n’auroit pas conquis, ſi elle y avoit été, où qu’il ne garderoit pas, ſi elle n’y étoit point entrée avec lui. C’eſt ſur ces principes que l’Angleterre a fondé ſon commerce & ſa domination, & qu’elle a réciproquement & tour-à-tour étendu l’un par l’autre.

Les François ſitués ſous un ciel & ſur un ſol également heureux, ſe ſont long-tems flattés d’avoir beaucoup à donner aux autres nations & preſque rien à leur demander. Mais Colbert ſentit que dans la fermentation où l’Europe ſe trouvoit de ſon tems, il y auroit un gain évident pour la culture & les productions d’un pays qui travailleroit ſur celles du monde entier. Par ſes foins s’élevèrent de tous côtés des manufactures. Les laines, les ſoieries, les teintures, les broderies, les étoffes d’or & d’argent ; tout