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il n’a jamais de volonté qui lui ſoit propre : ſans ceſſe il eſt ſous la verge d’un deſpote ſubalterne le plus ſouvent injuſte, féroce & intéreſſé. La plus grande différence que j’obſerverois entre la preſſe & les claſſes, c’eſt que l’une eſt une ſervitude paſſagère, & que l’eſclavage des autres n’a point de terme.

Cependant vous trouverez des apologiſtes, des admirateurs peut-être de ces uſages inhumains. Il faut, vous dira-t-on, que dans l’état de ſociété, les volontés particulières ſoient ſoumiſes à la volonté générale, & que les convenances des individus ſoient ſacrifiées aux beſoins publics. Telle a été la pratique de toutes les nations & de tous les âges. C’eſt ſur cette baſe unique que les inſtitutions, bien ou mal conçues, ont été fondées. Jamais elles ne s’écarteront de ce point central ſans précipiter l’époque inévitable de leur ruine.

Sans doute, la république doit être ſervie, & doit l’être par ſes citoyens : mais n’eſt-il pas de la juſtice que chacun y contribue ſelon ſes moyens ? Faut-il que pour conſerver à un millionnaire, ſouvent injuſte, la