Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/221

Cette page n’a pas encore été corrigée

ou s’éloignoient du Nord, les enhardit à tenter les plus longues courſes, à perdre la terre de vue durant des mois entiers. La géométrie & l’aſtronomie apprirent à meſurer la marche des aſtres, à fixer par eux les longitudes, & à eſtimer à-peu-près de combien on avançoit à l’eſt ou à l’oueſt. Dès-lors on devoit ſavoir à quelle hauteur, à quelle diſtance on ſe trouvoit de toutes les côtes de la terre. Quoique la connoiſſance des longitudes ſoit beaucoup plus inexacte que celle des latitudes, l’une & l’autre eurent bientôt aſſez hâté les progrès de la navigation, pour faire éclore l’art de la guerre navale. Cependant, elle débuta par des galères qui étoient en poſſeſſion de la Méditerranée. La plus fameuſe bataille de la marine moderne, fut celle de Lepante, qui fut livrée il y a deux cens ans, entre deux cens cinq galères des Chrétiens, & deux cens ſoixante des Turcs. L’Italie qui a tout trouvé & n’a rien gardé, l’Italie ſeule avoit conſtruit ce prodigieux armement ; mais alors elle avoit le double du commerce, des richeſſes, de la population qui lui reſtent aujourd’hui. D’ailleurs, ces galères n’étoient ni ſi longues, ni ſi larges que celles de nos