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comme le nombre des ſoldats. Ceux-ci furent diſtribués dans les différentes places du royaume, ſous prétexte de couvrir les frontières contre l’ennemi : mais, au fond, pour contenir & opprimer les ſujets. Les officiers, les commandans, les gouverneurs, furent des inſtrumens toujours armés contre la nation même. Ils ceſſèrent de ſe regarder, eux & leurs ſoldats, comme des citoyens de l’état, dévoués uniquement à la défenſe des biens & des droits du peuple. Ils ne connurent plus dans le royaume que le roi, prêts à égorger, en ſon nom, & leurs pères & leurs frères. Enfin la milice nationale ne fut plus qu’une milice royale.

L’invention de la poudre, qui demanda de grandes dépenſes & de grands préparatifs, des forges, des magaſins, des arſenaux, mit plus que jamais les armes dans la dépendance des rois, & acheva de donner l’avantage à l’infanterie ſur la cavalerie. Celle-ci prêtoit au feu de l’autre le flanc de l’homme & du cheval. Un cavalier démonté, étoit un homme nul ou perdu ; un cheval ſans guide, portoit le trouble & le déſordre par tous les rangs. L’artillerie & la mouſque-