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gneurs n’avoient droit d’appeler à leur bannière que quelques tenanciers, à de certaines conditions. Les formes & les règles emportoient tout le tems à la guerre, comme elles conſument tout l’argent dans les tribunaux de juſtice. Enfin les François, las d’avoir éternellement à repouſſer les Anglois, ſemblables au cheval qui implore le ſecours de l’homme contre le cerf, ſe laiſſèrent impoſer le joug & le fardeau qu’ils portent aujourd’hui. Les rois levèrent, à leur ſolde, des troupes toujours ſubſiſtantes. Charles VII, après avoir chaſſé les Anglois avec des mercenaires, quand il licencia ſon armée, conſerva neuf mille hommes de cavalerie & ſeize mille hommes d’infanterie.

Ce fut-là l’origine de l’abaiſſement de la nobleſſe, & de l’accroiſſement de la monarchie ; de la liberté politique de la nation au-dehors, mais de ſa ſervitude civile au-dedans. Le peuple ne ſortit de la tyrannie féodale, que pour tomber un jour ſous le deſpotiſme des rois : tant le genre-humain ſemble né pour l’eſclavage ! Il fallut aſſigner des fonds à la ſolde d’une milice ; & les impôts devinrent arbitraires, illimités,