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conſeil a changé de maximes. Ce mot qui ſe trouva bon une fois dans la bouche d’un ſeul homme, peut-être n’eſt-il pas un des ſucceſſeurs de Richelieu qui ne l’ait dit ou pensé. Tous les hommes publics ont la vanité, non-ſeulement de meſurer le faſte de leur dépenſe, de leur ton & de leur air, à la hauteur de leur place : mais auſſi d’enfler l’opinion qu’ils ont de leur eſprit, par l’influence de leur autorité.

Quand une nation eſt grande & puiſſante, que doivent être ceux qui la gouvernent ? La cour & le peuple le diſent, mais en deux ſens bien opposés. Les miniſtres ne voient dans leur place que l’étendue de leurs droits ; le peuple n’y voit que l’étendue de leurs devoirs. Le peuple a raiſon, parce qu’enfin les devoirs & les droits de chaque gouvernement devroient être réglés par les beſoins & les volontés de chaque nation. Mais ce principe de droit naturel n’eſt point applicable à l’état ſocial. Comme les ſociétés, quelle que ſoit leur origine, ſont gouvernées preſque toutes par l’autorité d’un ſeul homme, les meſures de la politique ſont ſubordonnées au caractère des princes.