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trigues, mais non les vertus militaires de ſon père, hérita des projets & des vues de ſon ambition, & trouva des tems favorables à ſon agrandiſſement. Il épuiſa ſon royaume d’hommes & de vaiſſeaux, même d’argent, lui qui avoit les mines du Nouveau-Monde ; & laiſſa une monarchie plus vaſte, mais l’Eſpagne plus foible qu’elle n’avoit été ſous ſon père.

Son fils crut renouer les chaînes de l’Europe, en s’alliant à la branche de ſa maiſon qui régnoit en Allemagne. Philippe II s’en étoit détaché par négligence ; Philippe III reprit ce fil de politique. Mais il ſuivit du reſte les principes erronés, étroits, ſuperſtitieux & pédanteſques de ſon prédéceſſeur. Au-dedans, beaucoup de formalités, mais point de règle, point d’économie. L’égliſe ne ceſſa de dévorer l’état. L’inquiſition, ce monſtre informe, qui cache ſa tête dans les cieux & ſes pieds dans les enfers, tarit la population dans ſa racine, tandis que les guerres & les colonies en moiſſonnoient la fleur. Au-dehors, toujours la même ambition, avec des moyens plus mal-adroits. Téméraire & précipité dans ſes entrepriſes,