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la cour de Rome. Elle y étoit née des artifices qui avoient fondé le gouvernement des papes. Comme les pontifes influoient par les loix de la religion & par les règles de la hiérarchie, ſur un clergé très-nombreux que le prosélytiſme étendoit ſans ceſſe au loin dans tous les états chrétiens, la correſpondance qu’ils entretenoient avec les évêques établit de bonne heure à Rome, un centre de communication de toutes ces égliſes ou de ces nations. Tous les droits étoient ſubordonnés à une religion qui dominoit excluſivement ſur les eſprits ; elle entroit dans preſque toutes les entrepriſes, ou comme motif, ou comme moyen ; & les papes ne manquoient jamais, par les émiſſaires Italiens qu’ils avoient placés dans les prélatures de la chrétienté, d’être inſtruits de tous les mouvemens, & de profiter de tous les événemens. Ils y avoient le plus grand intérêt : celui de parvenir à la monarchie univerſelle. La barbarie des ſiècles où ce projet fut conçu, n’en obſcurcit point l’éclat & la ſublimité. Quelle audace d’eſprit pour ſoumettre ſans troupes des nations toujours armées ! Quel art de rendre reſpectable & ſacrée la foibleſſe même du clergé ! Quelle