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sécution. Rois & miniſtres, aimez le peuple ; aimez les hommes, & vous ſerez heureux. Ne craignez alors ni les eſprits libres & chagrins, ni la révolte des méchans. Celle des cœurs eſt bien plus dangereuſe : car la vertu s’aigrit & s’indigne juſqu’à l’atrocité. Caton & Brutus étoient vertueux ; ils n’eurent à choiſir qu’entre deux grands attentats, le ſuicide ou la mort de Céſar.

Souvenez-vous que l’intérêt du gouvernement n’eſt que celui de la nation. Quiconque diviſe en deux cet intérêt ſi ſimple, le connoît mal, & ne peut qu’y préjudicier.

L’autorité diviſe ce grand intérêt, lorſque les volontés particulières ſont ſubſtituées à l’ordre établi. Les loix & les loix ſeules doivent régner. Cette règle univerſelle n’eſt pas un joug pour le citoyen, mais une force qui le protège, une vigilance qui aſſure ſa tranquilité. Il ſe croit libre ; & cette opinion qui fait ſon bonheur décide de ſa ſoumiſſion. Les fantaiſies arbitraires d’un adminiſtrateur inquiet & entreprenant viennent-elles renverſer cet heureux ſyſtême ; les peuples qui par habitude, par préjugé ou par amour--