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étranges chrétiens, s’écrie l’hiſtorien de l’égliſe, que Clovis & ſes ſucceſſeurs ! Malgré l’analogie du régime eccléſiaſtique avec le régime féodal, ce ſeroit une viſion que de faire de l’un le modèle de l’autre. Les études tombent ; les prêtres emploient le peu de lumières qu’ils ont conſervées, à forger des titres & à fabriquer des légendes. Le concert des deux puiſſances s’altère. La naiſſance & la richeſſe des évêques attachent les Romains qui n’ont & ne peuvent avoir que du mépris & de l’averſion pour de nouveaux maîtres, les uns païens, les autres hérétiques, tous féroces. Perſonne ne doute de la donation de Conſtantin, Charlemagne confirme celle de Pépin. La grandeur de l’évêque de Rome s’accroît ſous Louis-le-débonnaire & ſous Othon. Il s’attribue une ſouveraineté que les bienfaiteurs s’étoient réſervée. La preſcription fait ſon titre comme celui des autres potentats. L’égliſe étoit déjà infectée de maximes pernicieuſes ; & l’opinion que l’évêque de Rome pouvoit dépoſer les rois étoit générale. Originairement, la primauté de ce ſiège ſur les autres n’étoit fondée que ſur un jeu de mots : Tu es pierre, & ſur cette pierre,