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& voilà la première origine de l’ambition des paſteurs. Dans chacun, il y avoit des fidèles indigens ; les évêques furent les dépoſitaires des aumônes : & voilà la ſource la plus ancienne de la corruption de l’égliſe.

Que les progrès de l’autorité eccléſiaſtique depuis la fin du troiſième ſiècle ſont rapides ! On plaide devant les évêques. Ils ſont arbitres en matières civiles. La ſentence arbitrale de l’évêque eſt ſans appel, & ſon exécution renvoyée aux magiſtrats. Le procès d’un clerc ne peut être porté hors de la province. La diſtinction du crime civil & du crime eccléſiaſtique, & avec cette diſtinction celle du privilège clérical naiſſent. L’appel au ſouverain eſt permis, s’il arrive que la ſentence de l’évêque ſoit infirmée au tribunal du magiſtrat. Long-tems avant ces conceſſions, les évêques ont obtenu l’inſpection ſur la police & les mœurs ; ils connoiſſent de la proſtitution, des enfans-trouvés, des curatelles, des inſensés, des mineurs ; ils viſitent les priſons ; ils preſſent les élargiſſemens ; ils défèrent au ſouverain la négligence des juges ; ils s’immiſcent de l’emploi des deniers publics, de la conſtruction & répa-

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