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jamais leurs vœux & leurs forces pour un agrandiſſement, dont les ſuites pourroient devenir funeſte à l’un des ordres.

La tranquilité du corps Helvétique eſt encore moins menacée par ſes voiſins que par ſes citoyens. Comme dans les démêlés des couronnes, les Suiſſes obſervent une neutralité très-impartiale ; comme ils ne ſe rendent garans d’aucun engagement, on ne leur connoît point d’ennemis. Une puiſſance crût-elle avoir à ſe plaindre d’eux, elle étoufferoit ſon reſſentiment dans la crainte bien fondée d’échouer dans des projets de vengeance contre un pays tout militaire & qui compte autant de ſoldats que d’hommes. Fût-on même aſſuré de le conquérir, il ne ſeroit pas encore attaqué ; parce que la politique la plus aveugle & la plus violente n’égorge pas un peuple pour n’occuper que des rochers. Tels ſont les motifs qui peuvent faire croire à la ſtabilité de la république des Suiſſes.

Il nous reſte à parler du gouvernement eccléſiaſtique. Si la fondation du chriſtianiſme préſente à l’eſprit un tableau qui l’étonne, l’hiſtoire des révolutions du gouvernement