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Cependant l’union des Suiſſes fut inaltérable juſqu’au commencement du ſeizième ſiècle. Alors la religion, ce lien de paix & de charité, vint les diviſer. La réformation fendit en deux le corps Helvétique. L’état fut ſcié par l’Égliſe. Toutes les affaires publiques ſe traitent dans les diètes particulières des deux communions, Catholique & Proteſtante. Les diètes générales ne s’aſſemblent que pour conſerver une apparence d’union. Malgré ce germe de diſſenſion, la Suiſſe a joui de la paix, bien plus qu’aucune contrée de l’Europe.

Sous le gouvernement Autrichien, l’oppreſſion & les levées de la milice, empêchèrent la population de fleurir. Après la révolution, les hommes ſe multiplièrent trop, en raiſon de la ſtérilité des rochers. Le corps Helvétique ne pouvoit groſſir, ſans crever ; à moins qu’il ne fît des excurſions au-dehors. Les habitans de ſes montagnes devoient, comme les fleuves qui en deſcendent, s’épancher dans les plaines qui bordent les Alpes. Ces peuples ſe ſeroient détruits eux-mêmes, s’ils fuſſent reſtés iſolés. Mais l’ignorance des arts, le manque de matières pour