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république, crut devoir ouvrir ſon diſcours par un éloge du gouvernement : auſſi-tôt un ſatellite le fait deſcendre de ſa chaire ; & le tribunal des inquiſiteurs d’état devant lequel il eſt appelé le lendemain, lui dit : Qu’avons-nous beſoin de ton panégyrique ? ſois plus réſervé. On ſavoit là qu’on ne tarde pas à cenſurer l’adminiſtration par-tout où il eſt permis de l’exalter. Les inquiſiteurs d’état ne reſtent en fonction que dix-huit mois. Ils ſont choiſis parmi les perſonnages les plus modérés, & la moindre injuſtice eſt ſuivie de leur dépoſition. Ils tutoient tout le monde ; ils tutoieroient le doge. Quand on eſt appelé devant eux, il faut comparoître ſans délai. Un ſecrétaire d’état ne fut point excusé par la néceſſité de finir ſes dépêches. Il eſt vrai qu’ils inſtruiſent les procès portes fermées : mais ces épouvantails de l’étranger ſont les vrais protecteurs du peuple & le contrepoids à la tyrannie des ariſtocrates. Il y a environ ſix ans qu’on mit en délibération dans le conſeil, ſi l’on n’aboliroit pas ce redoutable tribunal. À l’inſtant les citoyens les plus opulens méditèrent leur retraite ; & un roi voiſin annonça que Veniſe n’auroit pas dix

ans