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des eſprits, & la deſtruction du bien public. Ces peuples élurent donc pour ne faire qu’un corps, un prince qui, ſous le nom de duc ou de doge, jouit long-tems de tous les droits de la ſouveraineté, dont il ne lui reſte aujourd’hui que les marques. Les doges furent élus par le peuple juſqu’en 1173. À cette époque les nobles s’approprièrent le droit excluſif de nommer le chef de la république ; ils s’emparèrent de l’autorité, & formèrent une ariſtocratie.

Ceux des écrivains politiques qui ont donné la préférence à cette eſpèce de gouvernement, ont dit avec une apparence de raiſon, que toutes les ſociétés, de quelle manière qu’elles ſe ſoient formées, ont été ainſi régies. Si dans les états démocratiques, le peuple vouloit régler lui-même ſon adminiſtration, il tomberoit néceſſairement dans le délire, & le ſoin de ſa conſervation le force de ſe livrer à un sénat plus ou moins nombreux. Si dans les monarchies, les rois prétendoient tout voir, tout faire eux-mêmes, rien ne ſe verroit, rien ne ſe feroit ; & il a fallu recourir à des conſeils, pour préſerver les empires d’une ſtagnation plus funeſte