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le courage, et la sensibilité[1]; elle doit l’animer par les charmes de l’humanité en lui présentant ses soins et ses secours ; elle doit enfin accorder à l’honnête indigence, par sagesse, ce qu’elle accorde à l’aisance par raison....

Ces considérations qui naissent naturellement

  1. Oui, la grande misère ternit l’humanité, abat le courage, tarit l’espoir, et altère jusqu’à cette sublime sensibilité, ce charme de l’âme, cet attribut divin, qui peint dans l’homme, avec les traits les plus beaux et les plus touchans, tout ce qu’il y a de plus noble en lui... au lieu qu’une douce aisance est l’antidote de tous ces maux : elle est un baume physique et moral ; elle anime noblement toutes nos facultés ; elle réjouit le cœur, élève l’âme et embellit l’imagination ; enfin, pour tout dire, en elle réside le germe de toutes les vertus sociales. Qu’on me pardonne donc, de retracer si souvent les maux de la cruelle misère, et les douces illusions que produit une heureuse aisance ; qu’on me pardonne d’appuyer si souvent et si longuement sur les droits de l’homme ; j’ai vu ses maux de près, je les ai quelquefois partagés, et certes, si le malheur ouvre le chemin de la vérité, et force ceux qui en sont l’objet, d’apprécier l’effet des relations sociales, avec leurs terribles réactions sur l'infortuné, toute une jeunesse pénible peut me servir de titre.