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tous, avaient aussi comme les Egyptiens et les Persans leur greniers de réserves.

La seule ville de Byzance, qui contenait d’immenses greniers, versait annuellement quatre cent mille médimnes de blé dans le fameux Prytanée d’Athènes. Ce superbe édifice, où l’on nourrissait tous ceux qui avaient bien mérité de la république, les vainqueurs aux jeux olympiques, les veuves et orphelins, dont les époux et les pères étaient morts au service de la patrie, n’était autre chose qu'un grand grenier national, qu’on appelait le trésor des subsistances.

Et malgré que les Athéniens n’habitaient qu’un sol généralement ingrat à la culture, ils instituèrent des lois si sages sur la police des grains, que la famine ne les atteignit jamais que dans les grands bouleversemens de la république. Mais l’extrême sensibilité de ce célèbre peuple, qui savait toujours s’élever aux plus nobles conceptions, et ne rien laisser imparfait, employait les réserves de ses greniers, à des distributions réglées qui se faisaient à certains jours, aux familles qu’une pauvreté sans reproche mettait hors d’état de pouvoir subsister sans ce secours.