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Je viens de rendre un premier hommage de mes facultés morales à ma belle et aujourd’hui sensible patrie ; entraîné par propension à la douce méditation que toute une jeunesse pénible, et je puis dire malheureuse, m’a rendue consolante et nécessaire, et me sentant vivement frappé du hideux et trop douloureux spectacle des misères humaines, dont j'ai si souvent été le triste contemplateur, et quelquefois même le jouet ; j’ai été naturellement porté à méditer profondément le sujet qui touche de plus près le sort de la société, et sur-tout celui de l’humanité laborieuse, pauvre et souffrante, sur qui un destin pervers, armé de la plus incroyable inconséquence humaine, répand avec une profusion effrayante toutes les rigueurs réunies que l’inclémence des saisons, l'influence vicieuse du climat, et sur-tout les passions non-nobles des hommes produisent de plus terrible !... Je sens que je laisse encore beaucoup à dire sur l'importante matière que je viens d’effleurer seulement, qui est par sa nature si intéressante et d’une source si féconde, qu'elle pourrait épuiser les lumières de toute une académie, sans en être