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m’a appris de bonne heure une chose, – une seule ; – mais elle est essentielle : c’est à rentrer chez moi avant que le soleil soit couché, c’est-à-dire à rompre à temps avec mes maîtresses. Du reste, ce qu’il y a de charmant dans une liaison, ce sont les premières heures ; et là, je suis presque de votre avis. On rencontre une femme ; que ce soit dans un salon, dans un comptoir ou dans la rue, c’est toujours la femme. On veut être distingué par elle. Si elle vous remarque, c’est déjà un bonheur. Ces petits bonheurs-là se comptent par milliers. C’est un bonjour, dont le ton fait une caresse ; c’est un serrement de main, qui pour tout autre serait banal et que l’intention fait délicieux ; c’est une rencontre magnétique : on sort, on se dirige chacun vers un point différent, on se rencontre ; ce sont les déclarations, qui mettent les étincelles du désir dans les yeux de la femme ; les baisers furtifs qui soulèvent sa poitrine ; les causeries qui font naître ses curiosités et empourprent sa joue ; les lettres délicieusement extravagantes ; le premier rendez-vous, avec ses tremblements et ses enfantillages ; le second où l’on cause pour dire des riens ; puis c’est l’intimité, avec ses