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TROIS PARMI LES AUTRES

« Je n’ai pas besoin de vous demander de ne pas répéter le mot de M. le chanoine de Montrichet. Que cela reste entre nous, n’est-ce pas ? Mais vous verrez, M. Mle curé est un homme charmant, je suis sûre qu’il vous plaira… Allez donc lui rendre visite de ma part. Il vous montrera ses petits chiens.

— Il a des petits chiens ? s’écria Annonciade. Oh ! qu’ils doivent être amours !

— Les petits chiens de Tosca, mais oui, mademoiselle. M. le curé fait de l’élevage pour augmenter ses revenus. Ces pauvres prêtres ont si peu de ressources dans nos campagnes…

Comme les jeunes filles prenaient congé, Mme  Poyet remarqua négligemment :

— La mère Garrottin n’est pas venue chercher votre lait aujourd’hui.

— Elle a sans doute oublié, répondit Antoinette. Pour plus de sûreté, nous le prendrons nous-mêmes tous les soirs.

— Eh bien, voulez-vous l’emporter tout de suite ? Je vais vous prêter un récipient…

— Justement, je crois que nous avons une timbale.

— Alors c’est parfait, flûta Mme  Poyet. La servante va vous la remplir. Bonsoir, mesdemoiselles, au plaisir de votre prochaine visite…

— Qu’est-ce que c’est que cette comédie de la timbale ? souffla Suzon en sortant.

Antoinette lui fit la psychologie de la souveraine villageoise.

— Quel numéro ! conclut la gamine.

Annonciade renforça :

— Un vrai numéro…