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LA MAISON DES BORIES



CHAPITRE PREMIER


La voix de la Zagourette appelait — une petite voix d’alouette aiguë, joyeuse, qui montait aussi haut qu’elle pouvait monter :

— Corbiau Genti-il ! Où es-tu-u ? On va chercher les camara-a-des !…

Puis tout se tut sur le plateau des Bories et le silence parut au Corbiau Gentil plus pressant qu’un appel. Elle eut un mouvement de recul et s’aplatit davantage dans le sillon, sous la protection des tiges mouvantes du seigle vert.

La voix de Laurent s’élevait à son tour :

— Ho ! Corbiau, ho !

Mais elle ne répondit pas davantage. Elle ne pouvait répondre sans trahir sa cachette, et elle n’avait pas envie d’en sortir pour le moment.

Elle était complètement allongée, son menton reposant sur ses bras croisés. Devant elle, au creux du sillon, sur la terre déjà sèche et fendillée par le soleil de juin, des cailloux blancs dessinaient un carré grand comme la main. C’était sa maison, la propre maison d’Anne-Marie Comtat.

Il y avait la maison des Bories qui était à tout le monde : à son oncle Amédée, à Belle-Jolie, à Lise et à Laurent, les Carabis des Bois, et à elle-même qui était aux yeux du monde la cousine de Lise et de