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II


Au moment même où sept heures sonnaient, M. Durras écrivait la dernière phrase de son chapitre « Roches métamorphiques ». Il en éprouva une intime satisfaction. S’il avait posé sa plume à sept heures quatre, ou à sept heures dix, ce n’eût pas été du tout la même chose que d’atteindre à ce moment précis la borne fixée à son travail du jour et de se trouver en face de cinquante-cinq minutes de loisir, très exactement.

Il se frotta les mains l’une contre l’autre, puis les éleva et frotta son visage du haut en bas, soigneusement, minutieusement, comme fait un homme qui se débarbouille, mais au ralenti. Et quand il se fut frotté les yeux et descendit vers ses grandes joues, il étira de bien-être ses paupières un peu bouffies, d’un blanc de craie sous les épais sourcils, plus foncés que sa courte barbe et ses cheveux châtains, coiffés en brosse, dont le poil fin et brûlant ressemblait à de la soie filée.

L’accent du visage était dans ces sourcils de charbonnier des Balkans, rapprochés à la base du nez comme pour résister à la double dépression temporale et dominer le vaste désert des joues trop larges, où le profil régulier, viril, le front de mathématicien, haut et carré, le nez droit et sévère, semblaient toujours en danger d’être engloutis. Un autre contraste se manifestait dans la bouche dont la lèvre supé-