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LA MAISON DES BORIES

haut, d’une petite voix argentine et lointaine, comme si elle parlait du fond d’un rêve, des mots qui la charmaient, — des mots à pleurer de tendresse ; escarboucle, hurluberlu, mélancolie… Calembredaine, un mot à mourir de rire. Et cette phrase, oh ! cette phrase qu’on aurait répétée toute la journée, pour rien, pour le plaisir :

— Tarare ! répondit l’autre.

— Tarare ! dit le calife.

— Tarare ! répétèrent tous les galopins qui jouaient aux billes à la porte du palais.

« Tarare ! Tarare ! La loi punit le contrefacteur. Ah ! mille millions d’hurluberlus ! Tarare ! dit le calife. Un palais, un palais, le palais du calife. Et des galopins, ha ! ha ! je ne vous dis que ça, des galopins qui jouaient aux billes à la porte du palais. Non, mon Oiseau bleu, non, mon Capricorne… Juliette, ma Juliette, tu es la princesse, la jolie, jolie, oh ! la jolie princesse de mes chimères…

« Savoir qu’est-ce qu’il y aura de bon pour dîner ? Il y avait une fois… Non, y z’y avait une fois un Z’animal, un Corbiau et une Zagourette, — et pis une Z’amie. Oh ! une Z’amie… ça, on peut pas seulement dire, on en est z’époutrillé. Tarare ! une tarte aux fraises, peut-être bien, et un potage à la poule en bœuf, ça sentait bon tout à l’heure dans la cuisine. Cochon laiteux, cochon crémeux, comment, pourquoi, eh ! oui, vraiment, je vous le demande, ma chère, comment qu’on ne tourne pas de l’œil trente-six mille fois par jour à force d’être trop content ? »



Après le dîner, il faisait si bon que personne ne voulait aller se coucher, ni le Corbiau, en contemplation devant les pavots qui se fermaient à l’approche de la nuit, — ni Laurent qui donnait la chasse aux