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XX


Ah ! si l’été pouvait ne jamais finir ! Si un cataclysme pouvait couper la maison des Bories de toute communication avec le monde vivant ! Si Paris pouvait être détruit par un tremblement de terre !

— Quelle idée d’aller à Paris ! gémissait le chœur des camarades. Paris, c’est affreux, c’est plein de gens, on y étouffe !

— Les Parisiens ? Peuh ! disait Laurent, superbe. D’abord, Sa Gentille a dit que c’était tous des mangeurs de pâté de foie. S’ils nous embêtent, on les rossera.

— Et qu’allez-vous faire à Paris ? reprenait le chœur.

— Étudier, répondait Laurent sur le ton du De profundis.

La tendre Juliette se plaignait, colombe :

— Tu m’oublieras, tu auras d’autres amies…

Lise en avait les larmes aux yeux :

— Jamais, ma Juliette, jamais, c’est pas possible. Tu viendras me voir par la fenêtre, quand je serai en classe, je te ferai des signes… Hein ! dis ?

— Tu crois qu’on va nous séparer ? demandait le Corbiau avec inquiétude. Quand même j’ai un an de plus que toi, je veux qu’on nous mette dans la même classe. Je te ferai tes problèmes et tu me feras mes dictées.

— Et pis, ponctuait Laurent, fermant ses poings durs, si y a des idiotes de filles qui vous embêtent, vous aurez qu’à me le dire, hein ?