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LA MAISON DES BORIES

— Oh ! attends voir, dit Laurent en se frappant le front. C’est peut-être bien ce que je lui ai dit de la lettre de la bonne femme.

— Quelle bonne femme ?

— La moins qu’une femelle, que tu disais à papa… la… Lydie machin… enfin quoi, sa mère.

— Où as-tu pris ça ? demanda vivement Isabelle. Tu nous as donc écoutés ? Où étais-tu ?

— J’ai entendu d’abord sans le faire exprès. J’étais sous la fenêtre de la salle à manger. Puis ensuite, j’ai écouté pour savoir.

— Tu sais pourtant que c’est vilain, d’espionner, d’écouter aux portes, de lire les lettres ? C’est ignoble ! Tu le sais ?

— J’ai pas pensé à tout ça, avoua Laurent d’un air déconfit. J’ai écouté pasque ça m’amusait de savoir.

— Eh bien, dit Isabelle, si tu n’es pas capable de te priver de ce qui t’amuse quand il le faut, tu ne seras jamais un homme. Tu deviendras un vieux petit garçon et c’est bien ce qu’on peut imaginer de plus sot.

Laurent leva sur sa mère des yeux pensifs.

— Tu crois ?

— J’en suis sûre.

— Et si j’essaie à partir d’aujourd’hui, est-ce que c’est encore temps ?

— Oui, si tu le veux vraiment.

— Eh bien ! je veux vraiment, s’écria le petit garçon en serrant les poings et les mâchoires et levant le menton d’un air de défi.

Isabelle le regardait et son regard soucieux et tendu passait en réalité par-dessus la tête de Laurent et cherchait plus loin, comme s’il y avait eu, derrière lui, quelqu’un dont elle cherchait à découvrir le visage caché.

— Si le Corbiau se fait du chagrin à cause de cette