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LA MAISON DES BORIES

une boîte… Oui, peut-être qu’il lui demanderait de venir le retrouver, de temps à autre, au Puy ou à Clermont. Bien entendu, il lui enverrait le prix de son billet, en deuxième classe. Deux, trois jours ensemble, cela lui ferait de petites vacances. La vie de reclus qu’il menait aux Bories ne lui valait rien, au fond. S’ils avaient vécu dans une grande ville avec des distractions à leur porte, Isabelle et lui n’en seraient jamais venus à se quereller comme ils le faisaient. Il n’y avait aucune raison, à y bien réfléchir, pour qu’une femme comme elle, intelligente et d’un caractère sérieux, n’appréciât pas un homme comme lui. C’était la faute aux circonstances, uniquement.

Il jeta sa cigarette, baissa la vitre du compartiment. Le train entrait en gare. Isabelle était là, avec les enfants. Il trouva qu’elle avait embelli pendant son absence et lui fit signe de la main, avec un sourire auquel elle répondit.

Au sortir de la gare, il s étonna de ne pas trouver Ludovic. Isabelle le mit au courant, insistant sur le caractère louche du garçon, sur ses allées et venues dans la maison, la dernière nuit.

— Allons donc ? disait M. Durras, levant des sourcils stupéfaits. Et moi qui n’étais pas là ! Vous avez dû avoir peur, toute seule avec les enfants ?

À vrai dire, elle ne se souvenait pas d’avoir eu peur. Elle se souvenait d’avoir fait le guet, tout le corps en éveil, avec le désir obscur de se servir de sa hachette, et le désir contradictoire d’entendre Ludovic remonter dans sa chambre. Elle répondit cependant qu’en effet elle n’était pas rassurée et Amédée parut content.

Ils continuèrent à parler de ces événements, du ménage de domestiques qui devait arriver dans deux jours, de l’arrangement actuel, avec Clodomir.

— Parfait, parfait. Vous avez très bien fait.

C’était intéressant, ces nouvelles de la maison.