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VII


Le Corbiau Gentil sentit venir le sommeil, se releva brusquement en se pinçant le bras jusqu’au sang.

N’allaient-ils pas bientôt monter ? La porte du salon, en bas, était fermée. Mais on entendait par moments des bouffées de conversations animées. La voix de trompette de M. Durras, la voix de tambour voilé de Carl-Stéphane et le rire d’Isabelle.

La petite fille serrait dans sa main la bille d’agate dont elle n’avait voulu se séparer ni pour manger, ni pour dormir. Un canif en pierres d’Auvergne pour Laurent, un médaillon d’aventurine pour Lise, qui s’obstinait, enchantée, à nommer « escarboucle » la pierre pailletée d’or, et pour Anne-Marie cette bille d’agate, mystérieuse, magique, qui emprisonnait une volute de fumée bleuâtre à l’intérieur de cercles brillants. Comme il savait faire plaisir, ce Carl-Stéphane !

Attention… la porte s’ouvre, en bas. Des voix assourdies se rapprochent, montent l’escalier, remplissent le vestibule. Quelqu’un demande en chuchotant : « Est-ce que je peux regarder dormir les enfants ? » C’est lui. Il entre dans la chambre, sur la pointe des pieds, avec Isabelle, se penche sur Lise endormie, sur Laurent endormi, sur Anne-Marie… endormie. Isabelle, debout au milieu de la chambre embrasse tout, d’un coup d’œil. Puis ils s’en vont, chuchotent des bonsoirs et ferment leurs portes.

Cinq minutes après, Isabelle revient, seule. Tout