Page:Ratel - La Maison des Bories.pdf/108

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


IV


Carl-Stéphane Kürstedt arriva aux Bories par une claire matinée de juin.

On parlait de lui depuis quelques jours. « Ce garçon… votre étudiant… comment donc l’appelez-vous déjà ? » demandait Isabelle à son mari, — elle ne pouvait jamais retenir les noms, même les plus ordinaires, — et M. Durras répondait : « Le Finlandais ? Kürstedt, K-ü-r-s-t-e-d-t, combien de fois faudra-t-il vous le répéter ? »

Donc, il était étudiant, et Finlandais. Il venait demander conseil à M. Durras au sujet d’un travail qu’il voulait entreprendre sur les puys d’Auvergne, et s’entendre aussi avec lui sur un projet de traduction de ses ouvrages en allemand, ce qui causait à Amédée une vive satisfaction. On savait encore qu’il parlait quatre ou cinq langues, et qu’il avait voyagé dans tous les pays d’Europe. Quelle figure pouvait-il bien avoir ?

La maison des Bories n’était pas tellement isolée que, de temps en temps, un hôte n’en prît le chemin. M. Durras, qui fuyait les contraintes mondaines, aimait trop discourir pour ne pas souffrir de la solitude. Isabelle s’était bien aperçue de l’adoucissement que la présence d’un invité apportait à son humeur, à condition que cette présence ne se prolongeât pas trop longtemps. Aussi essayait-elle de le persuader de s’installer dans une grande ville, lorsqu’il aurait