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LE RAISIN VERT

tu ne dessines pas des petites esquisses porrno… graphiques, que les amateurs, ils paient trrès cher ? »

« Alors, je dis : « Je vais essayer, Vania. » Et je fais une petite esquisse porrno… graphique en disse minutes, énormément… cochon. Et Vânia dit partout que j’ai fait trrès bien.

« Alors, je vois arriver chez moi une grosse monsieur. « Je peux voir la petite chose ? » qu’il dit. Alors je montre. « Ouh ! qu’il fait. Ouoûoûhh ! Combien ? » Alors, moi que j’avais chaud, je dis vite, sans regarder la personne : « Mille balles. — Eh bien ! qu’il dit, c’est de la chance. J’ai juste mille sur moi. Prenez et donnez. » Alors, moi que j’avais la honte, je dis : « Je vous prie, monsieur, emportez la petite esquisse et gardez cinquante francs pour le taxi. » Ce qu’il a fait.

« Et le lendemain, Vânia, elle me dit : « Hée bien ? Elle était bête, Vania ? Dis merci à la Sainte Vierge, toi andouille ! »

Lise repartit à rire, soupira d’allégresse et se tamponna les yeux.

— Quelle époque ! Si on essayait de la qualifier, on n’en finirait plus.

— Où vas-tu, Corbiau ? Te promener ?

— Je vais faire un tour dans le bâtiment, dit le Corbiau, ne t’inquiète pas de moi.

On dansait aussi dans la longue galerie illuminée qui menait de la grande salle à l’ample escalier de pierre, d’une largeur et d’une austérité monastiques.

Au premier étage, des groupes joyeux se promenaient d’une salle à l’autre, happant parfois des bouffées de jazz plaintives et rythmées qui les entraînaient dans un pas de danse.

J’addore Érik Satie…

— Cette fille-là, elle est tarte…