Page:Ratel - Isabelle Comtat, Le Raisin vert, 1935.djvu/192

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

IV


Voici qu’elle se retrouvait seule dans le laboratoire, au dernier étage du bâtiment silencieux, comme en ce jour de l’année passée où elle avait eu envie de ne pas rentrer à la maison.

C’était le même soleil, le même étincellement des cornues de juin, le long du mur blanc.

Le moment présent se superposait si exactement au souvenir que les deux sensations n’en faisaient plus qu’une. Ainsi se trouvaient annulés dix mois de guerre, de privations, d’angoisse et de participation intermittente et faible au drame inconcevable des combattants.

N’allait-elle pas rentrer tout à l’heure à la maison, sourire aux escarmouches de Lise et de Laurent et, regardant Amédée, l’éternel étranger, se demander quel pouvait être son rôle dans la « symbiose » ?

Mais non. Les deux moments étaient distincts. Distincts, successifs et pourtant reliés par une telle identité de sensation que tous les deux ne pouvaient que faire partie d’une même durée, cette durée immobile qui doublait sa vie et dans laquelle il lui arrivait de plonger à l’improviste, saisie alors d’une stupeur physique comparable à l’hypnose, cependant que sa pensée, marchant d’investigation en investigation, progressait le long d’une ligne droite dont il lui était donné de découvrir chaque fois un nouveau fragment. Puis l’obscurité recouvrait tout.

Cette fois-ci, elle venait de découvrir la réponse à