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La flamme brille encore ; et déjà plein de zèle,
Chacun court réparer cette perte cruelle.
L’un veut fournir le marbre et payer les travaux ;
L’autre offre de donner de précieux tableaux ;
L’autre quelque statue ou quelque buste antique,
Des temples de la Grèce ornement magnifique ;
L’autre enfin la Minerve, ouvrage d’Euphranor,
Et la bibliothèque et tout un boisseau d’or.
Du Crésus sans enfants le palais se relève,
Et sur un nouveau plan si promptement s’achève,
Qu’on dirait, et peut-être avec trop de raison,
Qu’Asturicus exprès a brûlé sa maison.



O mon cher Juvénal, que n’as-tu le courage
De venir loin du cirque avec moi vivre en sage !
Pour le prix que dans Rome un patron rigoureux
Exige tous les ans d’un cachot ténébreux,
Tu pourrais, ou dans Sore ou dans Fabraterie,
Acheter un manoir avec sa métairie.
Là, cultivant toi-même un modeste jardin,
Souvent on te verrait, d’une onde avec la main
Sans corde et sans fatigue à sa source puisée,
Répandre sur tes fleurs la féconde rosée.
Quel plaisir de pouvoir offrir à cent amis,
Les mets que Pythagore aux mortels a permis,
Et d’être, n’importe où, du moindre coin de terre
Et le cultivateur et le propriétaire !



Les malades ici, dans leur repos troublés,
Succombent la plupart d’insomnie accablés.
C’est leur faute, il est vrai, c’est l’excès de la table
Qui chargeant l’estomac d’un poids insupportable,
Y fait naître, y nourrit un feu séditieux ;
Mais fût-on plus frugal, en dormirait-on mieux ?
Les maisons à loyer n’ont pas de nuit tranquille :
Ce n’est qu’à prix d’argent qu’on dort en cette ville.
Voilà ce qui nous tue. À peine le matin,